Portraits de personnes diplômées en développement de carrière et orientation

Dorothée Beaudoin

Jeudi 5 janvier 2023

Pleins feux sur Dorothée Beaudoin

Chargée de projet sur le harcèlement au travail
Diplômée du baccalauréat en développement de carrière (2020)
Cohorte 2023 de la maîtrise en counseling de carrière

On peut donc dire que je poursuis ma lancée en relation d’aide, en passant des sciences naturelles aux sciences humaines, du bien-être physique au bien-être psychologique.


Dorothée Beaudoin a un parcours très varié. Elle s’est elle-même réorientée après plusieurs années en sciences naturelles: trois ans en concentration biologie au secondaire, un préuniversitaire en sciences de la nature au cégep et un baccalauréat (ou presque) en sciences infirmières à l’université. Son baccalauréat, elle ne l’a pas complété, car elle s’est rendu compte que ce domaine ne lui correspondait pas. Durant une sabbatique de deux ans, elle a travaillé dans le milieu de la santé, plus spécifiquement auprès d’une clientèle avec de l’Alzheimer ou d’autres démences. C’est au cours de cette période que Dorothée a fait la rencontre d’une étudiante en fin de parcours en développement de carrière à l’UQAM. Cette dernière lui a transmis sa passion. Coup de foudre immédiat! S’en est suivi une réorientation en sciences humaines. D’abord, en complétant un certificat en intervention psychosociale, puis un baccalauréat en développement de carrière à l’UQAM. Après avoir obtenu son diplôme en 2020, et grâce à son expérience acquise dans le milieu de la santé, elle a décroché un emploi en santé mentale alternative pour les adultes en contexte de retour au travail tout en poursuivant ses études à la maîtrise en counseling de carrière.

Q. Quels sont vos valeurs et intérêts qui vous ont poussés à vous diriger vers le monde du développement de carrière et de l’orientation?

R. Pour moi, le monde du développement de carrière est synonyme de diversité. C’est là l’une des plus grandes richesses de ce domaine et ce qui m’a grandement interpellée.

Pour moi, le monde du développement de carrière est synonyme de diversité. C’est là l’une des plus grandes richesses de ce domaine et ce qui m’a grandement interpellée.

Cette diversité, on la retrouve dans la variété de clientèles. On la retrouve dans le travail lui-même, car certes, on touche à l’employabilité, mais on navigue aussi entre la psychologie et la recherche. On se questionne sur l’efficacité de nos interventions, sur la façon dont on peut innover. Il y a aussi de la diversité dans les cours, passant de la relation d’aide à la psychométrie, des psychopathologies au counseling, de la sociologie à la scolarité, etc. C’est un domaine beaucoup plus complexe que ce que l’on pourrait croire.

L’aspect très concret de notre parcours de formation est également un point fort du programme d’études. On a accès au terrain rapidement. Ce n’est pas juste une formation théorique et cela nous permet de nous projeter aisément dans le monde du travail réel. 

Q. Quelles sont vos expertises particulières dans ce domaine? Pourquoi sont-elles importantes pour les personnes qui vous consultent?

R. J’ai baigné assez tôt en santé mentale. Durant mon parcours en sciences infirmières, j’y ai touché en travaillant avec une clientèle schizophrène à l’Hôpital Louis-H. Lafontaine, dorénavant connu sous le nom d’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. Ce premier contact m’a fortement marqué. Donc, très tôt durant mon baccalauréat en développement de carrière, j’ai su que j’allais m’orienter tranquillement vers une clientèle en santé mentale. D’autant plus que le corps professoral en développement de carrière et orientation à l’UQAM est expert dans ce domaine. 

[…] très tôt durant mon baccalauréat en développement de carrière, j’ai su que j’allais m’orienter tranquillement vers une clientèle en santé mentale.

Avoir une meilleure compréhension des troubles mentaux, ça m’aide à avoir une certaine ouverture d’esprit, une analyse critique. Ça me permet de voir au-delà de la personne et de son diagnostic. De comprendre que la personne est teintée de son environnement, de son passé. Ça m’aide beaucoup durant mes interventions.

Q. Pourriez-vous nous décrire une situation dont vous êtes particulièrement fière?

R. Définitivement mon projet qui a vu le jour grâce au soutien de la CNESST et d’Accès-Cible SMT «Promouvoir la santé mentale au travail par la prévention du harcèlement psychologique et sexuel».

Définitivement mon projet qui a vu le jour grâce au soutien de la CNESST et d’Accès-Cible SMT «Promouvoir la santé mentale au travail par la prévention du harcèlement psychologique et sexuel».

Dans le cadre de ce projet, j’ai été à la tête d’une production de capsules vidéo mettant en vedette quatre personnes exposant leur perspective et vécu en lien avec le harcèlement au travail: une victime, un psychologue, une gestionnaire et une avocate. Je suis persuadée que ces capsules vont avoir un impact positif.

Également, à travers ce projet, j’ai développé des ateliers pour une clientèle en santé mentale. Cette clientèle est plus à risque de vivre du harcèlement au travail. C’est pourquoi ces personnes ressentent souvent des craintes à l’idée de retourner sur le marché de l’emploi. D’en parler, de briser les tabous, de lutter contre la désinformation, de faire connaître les lois, ça leur permet de remplir leur coffre à outils. Par la suite, elles reprennent confiance en elles. Elles deviennent des actrices du changement dans leur milieu de travail. Elles passent à l’action et ne gardent plus le silence.

Q. De quelle façon entrevoyez-vous l’évolution de votre carrière?

R. Je vise à accéder à l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec. C’est la raison pour laquelle je poursuis actuellement une maîtrise en counseling de carrière à l’UQAM.

J’aimerais également rendre les ateliers que je conçois accessibles à un plus large éventail de personnes. En visant, par exemple, monsieur et madame tout le monde sur le marché du travail. Je veux continuer à faire de la prévention.

J’aspire peut-être à poursuivre au doctorat pour pousser ma recherche, ma réflexion, creuser plus loin sur le terrain.

J’aspire peut-être à poursuivre au doctorat pour pousser ma recherche, ma réflexion, creuser plus loin sur le terrain. Découvrir dans quelle proportion la clientèle en santé mentale vit plus de harcèlement ou de violence au travail et voir de quelle façon cela se transpose. Il y a plusieurs autres sujets sur lesquels j’aimerais me pencher. Ma grande curiosité intellectuelle est sans fin! 

Sinon, j’apprécie le travail avec des professionnels multidisciplinaires. Ça me permet d’échanger et d’enrichir ma propre discipline. C’est quelque chose que je trouve vraiment stimulant. 

Q. Quel conseil donneriez-vous aux futures personnes étudiantes?

R. Les étudiantes et étudiants entreprennent le baccalauréat en ayant une idée bien précise de leur parcours professionnel. J’ai envie de leur dire de faire confiance au processus de formation. À travers le baccalauréat et la maîtrise, on apprend à mieux se connaître. Notamment parce que les cours touchent à plein d’aspects, mais aussi parce que les professeurs et les chargés de cours nous amènent à réfléchir.

Je pense entre autres au cours de psychométrie durant lequel on passe des tests psychométriques qui nous aiguillent sur notre fonctionnement psychologique, sur la façon dont on apprend, sur le type d’environnement qui nous est favorable, etc.

Je leur conseille également de participer en classe, de poser des questions. Les chargés de cours et les professeurs sont des experts dans leur domaine et sont extrêmement généreux. C’est vraiment une richesse dans la formation.

Les chargés de cours et les professeurs sont des experts dans leur domaine et sont extrêmement généreux. C’est vraiment une richesse dans la formation.

Q. Quels éléments de la formation sont inusités, surprenants, captivants, etc.? 

R. Ce qui m’a vraiment frappé, c’est la mise en action dès le baccalauréat. On nous propulse rapidement dans l’action, et ce, dans presque tous les cours. Ça dynamise et facilite énormément le processus d’apprentissage.

On nous propulse rapidement dans l’action, et ce, dans presque tous les cours. Ça dynamise et facilite énormément le processus d’apprentissage.

J’ai l’impression que l’on est bien préparé pour l’«après». Ça aide avec la gestion de l’anxiété et l’appréhension d’intégrer le marché du travail. 

Q. En dehors du travail, qu’est-ce qui vous anime? Qu’aimez-vous faire?

R. Je suis une vraie «foodie». J’aime échanger un bon repas entre amis. L’amitié est d’ailleurs une valeur très importante et centrale dans ma vie. 

J’aime beaucoup voyager. Ma mère étant franco-italienne, j’ai une double nationalité, ce qui m’a amené à voyager régulièrement dès ma naissance et à développer une curiosité pour les différentes cultures. 

Sinon, j’écoute beaucoup de podcasts sur l’employabilité et la psychologie. Fait surprenant, beaucoup de conseillers et de conseillères d’orientation animent des podcasts très intéressants et enrichissants au Québec. C’est une très belle découverte.